Treize raisons de Jay Asher

Publié le 16 Décembre 2015

Treize raisons de Jay Asher

Je tiens tout d'abord à vous dire que je suis très heureuse de vous écrire, ça faisait vraiment vraiment longtemps... je me suis pas mal éloignée du blog pour des raisons que je vous expliquerai peut-être une autre fois, mais bon, je suis là pour autre chose. Aujourd'hui nous allons parler d'un livre !

Le résumé :
Clay Jensen reçoit sept cassettes enregistrées par Hannah Baker avant qu'elle ne se suicide. Elle y parle de treize personnes qui ont, de près ou de loin, influé sur son geste. D'abord effrayé, Clay écoute la jeune fille en se promenant au son de sa voix dans la ville endormie. Puis il découvre une Hannah inattendue qui lui dit à l'oreille que la vie est dans les détails. Une phrase, un sourire, une méchanceté ou un baiser et tout peut basculer...

Mon avis :

Si je prends le temps de vous en parler, vous vous en doutez bien, c'est que j'ai vraiment aimé ce livre.

Pourquoi ?

D'abord pour les personnages et la situation d'énonciation. Mes goûts littéraires évoluent vraiment avec moi à travers les années, mais ils se modulent également en fonction de mes humeurs et en ce moment je vous avoue que je suis très attirée par les textes au style direct. Or ici nous avons affaire à une double situation d'énonciation pour un double discours au style direct. Il y a le discours d'Hannah qui est enregistré sur des cassettes audio et puis il y a le récit de Clay qui est à la fois le récepteur du message d'Hannah et le narrateur du roman et donc notre locuteur.

Clay a reçu l'ensemble des cassettes enregistrées par Hannah avant sa mort et nous les découvrons au cours d'une soirée entière en sa compagnie, soirée où il flâne d'un point à un autre de leur petite ville.
Je trouve que ce roman met en lumière l'adolescence dans ce qu'elle peut avoir de plus douloureux et de plus tragique à travers le personnage principal. Hannah est une jeune fille hypersensible et idéaliste ; à cause d'une suite de déceptions et de trahisons de ceux qu'elle croyait être ses amis, elle s'éloigne peu à peu des autres, s'isole — je ne fais que vous donner mon impression du personnage. Elle n'est donc pas fondamentalement solitaire ni amère, mais elle va le devenir par dépit. On sent dès le départ de l'histoire qu'elle avait ce supplément d'âme faisant d'elle une personne rare qui ne cadrait pas avec son entourage du moment. Ses préoccupations, ses inquiétudes, ses angoisses, elle ne pouvait les partager, car ce qui la tourmentait elle ne semblait compter pour personne d'autre.

Le roman montre par ailleurs à plusieurs reprises l'ampleur du fossé qui existe entre le monde des adultes — représenté ici par les enseignants, les conseilleurs pédagogiques du lycée, ainsi que les parents — et celui des enfants/adolescents. Les adolescents et les adultes ont du mal à communiquer notamment parce qu'ils n'ont pas le même recul et de ce fait pas la même notion du ''grave''. Ce qu'on oublie trop souvent et que ce livre pointe du doigt c'est que c'est à l'adulte de se mettre à la place d'un adolescent puisqu'il a déjà derrière lui l'expérience de cette période. Le conseiller pédagogique Mr Porter est parfaitement déconnecté de la réalité adolescente, il donne à Hannah des conseils avec distance du haut de sa vie d'homme mûr. En lui suggérant de dédramatiser et de « tourner la page », il manque à la fois d'énergie et d'empathie alors que le lien était à conquérir.
Comme je vous en ai déjà dit pas mal, je ne vous parle pas du personnage de Clay, il restera à découvrir...
Notons que les voix des deux narrateurs sont d'une justesse impressionnante. Le schéma narratif qui repose sur un assemblage de flashbacks (pour les deux discours) nous implique émotionnellement étant donné que nous sommes face à un récit-testament d'un côté et de l'autre face à des commentaires sur ce testament, commentaires empreints de nostalgie et de regrets.
Ce qui stimule également la lecture c'est cette idée de : je connais la fin de l'histoire, mais je vais tourner les pages afin de comprendre comment elle en est arrivée là. En d'autres termes, le lecteur est plongé dans une sorte de thriller psychologique, l'autopsie d'un drame.


Citations choisies :

« Quand une chanson vous fait pleurer, mais que vous n'avez plus envie de pleurer, vous cessez de l'écouter. Mais échapper à soi-même, c'est impossible. On ne peut pas décider de ne plus se voir. De couper le son à l'intérieur de sa tête. »

« Normalement, quand quelqu'un possède une image irréprochable, vous pouvez être sûr que quelqu'un d'autre attend sagement dans son coin le moment propice pour le mettre en charpie. L'instant où le défaut fatidique explosera enfin au grand jour. »

« Là est la question j'imagine. Nul ne peut savoir avec certitude l'impact qu'il a sur la vie d'autrui. La plupart du temps nous n'en avons même pas la moindre idée. Ce qui ne nous empêche pas de continuer comme si de rien n'était. »

« Personne ne connaît vraiment la vie des autres, seulement la sienne. »

« Mais oui, au fond, qu’espériez-vous entendre ? Parce que j’ai entendu tant de versions différentes que j’ignore laquelle est la plus répandue. Je sais en revanche laquelle l’est moins. La vérité. »

« A cet instant, dans ce bureau, la prise de conscience que personne ne connaissait ma vérité a profondément ébranlé ma vision de la vie. »

Rédigé par L.

Publié dans #Des livres plein les mains

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